Reconnaissez les soins que vous gardait le traître.
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Scène VI
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Sur des avis secrets, peu suspects à ma foi,
En vain je m'attendais à voir ce que je vois.
Au milieu de la nuit, une telle entrevue,
En des lieux si sacrés, était si peu prévue,
Que malgré le courroux dont mon cœur est saisi,
J'ai peine à croire encore ce que je vois ici.
Depuis quand aux humains ces lieux inaccessibles,
Prêtent-ils aux amants des retraites paisibles ?
Ignore-t-on encore que ce lieu redouté
Est le séjour du trône et de la majesté ?
C'est pousser un peu loin l'audace et l'imprudence,
Que d'oser de vos feux lui faire confidence.
Qui jamais eût pensé qu'un prince vertueux
Devenu moins soumis, et moins respectueux,
N'écoutant désormais qu'un désespoir injuste,
Eût osé violer une retraite auguste,
Braver son père, avoir un odieux recours
À ceux qu'il a chargés de veiller sur ses jours ?
Avec un tel appui que prétendez-vous faire ?
Qui vous fait en ces lieux mettre un pied téméraire ?
Cesse de t'informer où tendent mes projets,
Et ne pénètre point jusque dans mes secrets :
Crois-moi, loin d'abuser d'une injuste puissance,
Ingrat, ressouviens-toi des droits de ma naissance,
Qu'à moi seul appartient celui de commander.
Je crains bien qu'en effet l'espoir d'y succéder,
Déguisant dans ton cœur la fureur qui te guide,
Ici, moins qu'un amant, n'ait conduit un perfide.
Si tu n'avais cherché qu'à revoir Amestris,
Ce n'est pas dans ces lieux que je t'aurais surpris ;
L'amour ne cherche pas un si terrible asile ;
D'ailleurs, à ce mystère Artaban inutile,
N'eût pas été choisi pour servir tes amours ;
On a bien d'autres soins avec un tel secours.
D'où vient que ce palais devenu solitaire,
Se trouve dépouillé de sa garde ordinaire ?