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Page:Crémieux et Halévy, Le Pont des soupirs - 1868.djvu/19

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qu’on appelle avec effroi dans la lagune, le Gonfalonier Fabiano Fabiani Malatromba !

Cornarino, bas à Baptiste.

Fabiano Fabiani Malatromba !

Baptiste, bas.

Malatromba !

Cornarino, bas.

Mon cousin par alliance !

Baptiste, élevant un peu la voix.

Horreur !…

Catarina se relève et quitte le balcon.
Malatromba, écoutant.

Hein !… Quoi ?… On a parlé !

Cornarino, bas à Baptiste en le faisant descendre à droite.

À bas !… à bas !… et ronfle !…

Tous deux se couchent par terre.
[1] Malatromba.

Il me semble avoir entendu… (Malatromba heurte du pied Cornarino, qui s’aplatit de son mieux et pousse un ronflement à l’unisson avec Baptiste.) Quelque mendiant qui dort et qui rêve tout haut !… Heureuse insouciance !… Voilà des gens qui se reposent, calmes et tranquilles, sur la dalle humide et glacée, avec le ciel bleu sur la tête ; tandis que moi, dans mon palais d’agate et de porphyre, je cherche vainement un sommeil qui fuit éternellement ma paupière fatiguée par les veilles, l’orgie et les affaires !… (Il heurte de nouveau Cornarino du pied.) Heureuse insouciance !… (Se tournant vers le balcon de Catarina.) Dans une heure, madame !…

Il sort par la droite.
  1. Malatromba, Cornarino, Baptiste.