Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/159

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patrimoine qu’un revenu à peine suffisant pour sa subsistance, et que ses livres, en raison même de leur caractère exclusivement littéraire, ne pouvaient se vendre à grand nombre. Dès i858, il s’était fait faire par Poulet-Malassis des avances relativement considérables ; aussi ne put-il lui refuser sa signature le jour où son ami, dont les affaires n’avaient jamais été prospères et qui ne disposait que d’un capital très restreint se vit obligé de la lui demander.

Bientôt, engagé dans de nombreuses opérations de librairie qui ne lui donnaient pas les bénéfices immédiats qu’il en attendait, Poulet-Malassis fut menacé de la faillite. Il tomba dans un découragement que le poète s’efforçait de combattre, quoiqu’il lui fût difficile de se préserver lui-même, car ses dettes personnelles s’accroissaient toujours. La solidarité d’intérêts, qui le liait à son éditeur, lui faisait doublement redouter une catastrophe. Il lui écrivait, quelques mois plus tard : « Quelle belle époque que celle où il n’y aura plus de navette ! Croiriez-vous que, malgré votre promesse, je suis inquiet ? car mon impuissance à payer serait absolue (i). )> Pourtant, il avait la prétention de régler sar-nt sa dépense, et Poulet-Malassis ayant fait part à un ami commun du souci que lui donnaient l’imprévoyance du poète et « son désordre dans ses affaires », celui-ci s’en plaignit par cette fière protestation (2) :


(1) Lettre du i3 juin i85o.

(2) Lettre du 27 septembre 1860. V. encore passim, dans les Lettres. Par exemple :

« J’ai lu à Paris des lettres de vous où il y avait du découragement. Si vous vous découragez, alors vous