Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/200

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noir. Conserverai-je ma mère aussi longtemps que vous avez conservé la vôtre ? (2 5 octobre i865.) — Ma mère m’écrit de temps en temps des lettres courtes, et où je trouve un ton de tristesse (je n’ose pas dire d’affaiblissement) qui m’inquiète. Que savez-vous de sa santé ? Car il se pourrait que, par crainte de me tourmenter, elle me cachât quelque chose, » (i3 octobre i865.)

Ce qu’elle lui cache pour ne pas l’affliger, ce sont les inquiétudes et le chagrin qu’il lui donne. Mais quand M. Ancelle fait à son pupille quelques avances, c’est toujours avec le consentement tacite de M mo Aupick, qui a soin de lui recommander le secret, de peur que son fils n’abuse de son indulgence. Ces avances sont du reste indispensables. Le petit revenu qui reste au poète ne suffit même pas à couvrir ses dépenses d’hôtel. Lisez plutôt ce terrible aveu :

(( 11 y a une foule de dépenses, en dehors de l’hôtel, auxquelles je ne peux satisfaire depuis deux mois sans des ruses ridicules : tabac, papier, timbres-poste, raccommodage, etc. Par exemple, le rêve de posséder du vin de quinquina est devenu dans mon cerveau aussi obsédant que l’idée d’une baignoire pleine d’eau dans l’imagination d’un galeux. » (8 février 1865").

Baudelaire s’évada pourtant de Bruxelles, quelques jours, au commencement de l’été de i865, pour aller embrasser sa mère à ïlonfleur. À Paris, il se rencontra avec M. Lemer et M. Garnie r, l’éditeur. Il déposa un billet chez « l’oncle Beuve ». Il vit aussi Asselineau :

« Malgré les bruits alarmants sur sa santé, qui avaient déjà couru, je ne le trouvai point changé. Peut-être un peu grossi, ou plutôt alourdi, ce qui pouvait être l’effet du régime du pays, il avait du reste bonne prestance ; il était gai et jaseur. L’œil