Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/207

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(21 décembre i8G5). « Il y a bien longtemps que j’aurais dû vous répondre ; mais j’ai été saisi par une névralgie à la tête qui dure depuis plus de quinze jours ; vous savez que cela rend bête et fou, et pour pouvoir écrire aujourd’hui à vous, à Lemer et à ma mère, j’ai été obligé de m’emmailloterla tète dans un bourrelet que j’imbibe, d’heure en heure, d’eau sédative. Les crises sont moins violentes que Tan passé, mais le mal dure bien plus longtemps. »

(26 décembre i865). « J’ai eu un peu de vague dans la tète, du brouillard et de la distraction. Cela tient à cette longue série de crises, et aussi à l’usage de l’opium, de la digitale, de la belladone et de la quinine. Un médecin, que j’ai fait venir, ignorait que j’avais fait autrefois un long usage de l’opium. C’est pourquoi il m’a ménagé, et c’est pourquoi j’ai été obligé de doubler et de quadrupler les doses. Je suis parvenu à déplacer les heures de crise ; c’est beaucoup. Mais je suis très fatigué. »

Le jeune médecin, qu’il s’était décidé à consulter, le docteur Léon Marx, ordonna la suppression complète de tout excitant, un repos complet du corps et de l’esprit, et une cure d’eau de Vichy. Malheureusement Baudelaire n’avait guère confiance dans la médecine :

« Qu’il faille supprimer la bière, je ne demande pas mieux. Le thé et le café, c’est plus grave ; mais passe encore. Le vin ? diable ! c’est cruel. Mais voici un animal encore plus dur, qui dit qu’il ne faut ni lire ni étudier. Drùle de médecine que celle qui supprime la fonction principale ! Un autre me dit, pour toute consolation, que je suis hystérique, \dmirez-vous, comme moi, l’usage élastique de ces grands mots bien choisis pour voiler notre ignorance de toutes choses (r) ? »

Quant ;iu\ remèdes, si peu onéreux lussent-ils, il n’avait pas d’argent pour les payer : « Le médecin ne


(1) Lettre à Sainte-Beuve, 10 janvier i8(3G.