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Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/24

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Il fut assez heureux pour soustraire à la confiscation les biens de la famille dont il avait été le commensal, et dans le même temps, s’il faut en croire sa veuve, il aurait donné une grande marque de dévouement à Condorcet, l’illustre proscrit : il lui aurait procuré le poison qui le sauva de l’échafaud.

Il paraît constant que François Baudelaire montra un vrai courage dans la crise de la Terreur. Sa veuve le représente courant, jour et nuit, les tribunaux et les prisons et bravant, pour son compte, la mort à laquelle il disputait avec acharnement les têtes menacées de ses amis.

Quand, sous le Directoire et le Consulat, ils eurent retrouvé leur ancien crédit, ses protégés en usèrent, à leur tour, pour le servir et lui obtenir une haute situation administrative[1].

  1. Je dois les curieux détails qui suivent à l’extrême obligeance de M. Favre, l’érudit archiviste du Sénat. Ils rectifient des renseignements peu exacts donnés par Mme Aupick à Charles Asselineau. Voici le résumé des recherches de M. Favre : « François Baudelaire n’était ni conservateur du palais et des jardins, ni contrôleur, ni vérificateur, et n’avait pas à faire de commandes aux artistes. Tout ce qui concernait le palais et les jardins était administré, ordonné par une commission sénatoriale… Quelles étaient donc les fonctions de Baudelaire ? En fouillant et furetant les pièces de comptabilité du Sénat impérial (1804-1814), je trouve sur tous les états son nom ainsi mentionné : Administration et police intérieure, Beaudelaire (sic), chef de bureau, 10.000 francs par an… À partir de 1814, il disparaît, et ses fonctions elles-mêmes ne sont plus mentionnées. Elles étaient un rouage de l’administration impériale. » Le père de notre poète figure déjà dans l’Almanach national de l’an IX (1801), en qualité de secrétaire de la commission administrative et de contrôleur des dépenses du Sénat. Il n’est plus désigné, dans les almanachs de l’Empire, que sous le titre vague de chef des bureaux ; son nom est constamment orthographié Beaudelaire.