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Mlle Dufays, qui touchait à sa vingt-sixième année, n’avait aucune fortune ; mais, sans être jolie, elle était fort gracieuse et d’une vivacité d’esprit qu’attestent ses lettres. Si sa pauvreté contribua peut-être à lui faire accepter un mari qui avait près de trois fois son âge, il est certain qu’elle céda aussi à d’autres raisons meilleures, notamment au prestige que le prétendant sexagénaire devait à ses manières d’une courtoisie aristocratique, et surtout à une originalité d’esprit qui, dans la famille Pérignon, le faisait « comparer à La Fontaine pour la naïveté et la bonhomie[1] ».

  1. Appendice, ch. vi, lettre de Mme Aupick à Asselineau. M. de Nouvion, op. cit., raconte : « Il lui avait souvent promis de la marier. Mais elle n’avait aucune fortune, ce qui rendait la réalisation de cette promesse difficile. Devenu veuf, Baudelaire se proposa lui-même, d’abord en plaisantant, puis sérieusement, et le mariage fut décidé. » M. de Nouvion nous apprend encore que Mlle Dufays était née à Londres, paroisse Saint-Pancrace, le 27 septembre 1793. Ceci expliquerait comment Baudelaire a pu dire qu’il savait l’anglais de naissance.