Aller au contenu

Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

senté un enfant du sexe masculin, né avant-hier, neuf, à trois heures de relevée, en dite demeure de lui déclarant et de dame Caroline Dufays, son épouse, mariés à Paris au XIe arrondissement, le 9 septembre 1819, auquel enfant il a déclaré vouloir donner les prénoms de Charles-Pierre ; lesdites déclaration et présentation faites en présence de M. Claude Ramey, statuaire, membre de l’Institut, âgé de 65 ans, demeurant rue des Maisons de Sorbonne, n° 11, premier témoin, et de M. Jean Naigeon, peintre, conservateur du musée royal du Luxembourg, âgé de 62 ans, demeurant rue de Vaugirard, n° 7, second témoin. Et ont les pères et témoins signé avec nous le présent acte de naissance après lecture.

Signé : Baudelaire, Ramey, Naigeon, Fieffé.

Charles avait six ans quand il perdit son père, le 10 février 1827. Il lui garda, toute sa vie, un profond et pieux souvenir[1]. Ses amis l’ont entendu souvent raconter ses promenades d’enfant, au jardin du Luxembourg, où le vieillard à longs cheveux blancs, tout en menaçant de sa canne les chiens irrespectueux, lui expliquait les statues. Cet enseignement prématuré rencontrait chez Charles une aptitude native, très mar-

  1. Sur une liste d’objets déposés par Baudelaire chez des amis, se trouve cette mention : « Une gouache de mon père », et Mon cœur mis à nu contient ces deux lignes étranges : « Faire tous les matins ma prière à Dieu, réservoir de toute force et de toute justice, à mon père, à Mariette et à Poe, comme intercesseurs. »