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Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/30

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quée, qu’atteste cette note des Fusées : « Les images, ma grande, ma primitive passion. »

Ces premiers indices de son tempérament d’artiste se retrouvent dans cette ligne d’une esquisse d’autobiographie écrite par le poète : « Enfance. Vieux mobilier Louis XVI, antiques, Consulat, pastels, société XVIIIe siècle[1] ».

C’était un mobilier fort modeste, en somme, que celui de la maison paternelle, tel que les inventaires le décrivent. En dehors des gouaches, des pastels dus aux pinceaux et aux crayons de François Baudelaire et de sa première femme, il ne consistait guère qu’en quelques plâtres d’après l’antique et en quelques gravures d’après des tableaux de maîtres plus ou moins célèbres ; mais n’était-ce pas suffisant pour éveiller chez un enfant précoce et si richement doué le sentiment de la beauté plastique ?

Dans l’année qui suivit la mort de son premier mari (8 novembre 1828), la mère de Baudelaire épousait un chef de bataillon promis à un brillant avenir, M. Aupick, déjà chevalier de Saint-Louis, officier de la Légion d’honneur, et, depuis six ans, aide de camp du prince de Hohenlohe. Bientôt promu lieutenant-colonel et envoyé à Lyon, M. Aupick y emmena sa femme et son beau fils. Le futur poète des Fleurs du mal avait l’âge de commencer ses études. On le mit

  1. Ce précieux document, qui n’a que vingt-cinq lignes, a été imprimé in extenso dans la Bibliographie de MM. La Fizelière et Decaux, Paris, 1868. Je le citerai plus d’une fois.