Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/309

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monde !*Je trouve au contraire cela tout naturel. » Son logement était au troisième, on y montait par un escalier de service à rampe de bois. Baudelaire, qui me précède en me regardant comme un inquisiteur, me demande à chaque étage : — « Vous êtes étonné de voir un escalier… » — Une fois compris que c’était un système, il aurait pu me montrer l’hippogriffe ou l’oiseau Rock que je leur aurais dit : « Bonjour, monsieur. )) J’ai décrit de souvenir sa chambre dans le livre, mais j’ai omis de dire que deux ou trois coucous battaient sur les murs — « Vous êtes étonné ?… — — Moi ? pas du tout ! J’ai déjà vu cela chez CharlesQuint. » — Nous causâmes poésie. Il me récita de ses vers, entre autres la pièce commençant par…

Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne…

qui se trouve dans les Fleurs du Mai Baudelaire s’amusait en ce temps-là à faire des poésies de fou. On retrouve ici son goût du masque et de l’exercice impersonnel qui lui suggérait de faire des poésies religieuses, militaires, etc.. Il m’en récita ce soir-là un échantillon. C’était la douleur d’un amant qui voit sa maîtresse violée par toute une armée (i). Il y avait des dragons, des artilleurs, des tambours-majors, et jusqu’à des invalides. Je crois que Louis Ménard sait encore la pièce par cœur. Dès ce soir-là, il m’exprima * une grande admiration pour Banville et pour les Cariatides. Pendant assez longtemps, je ne fis que le ren (i) M. Charles Cousin a donné un commentaire analytique de cette pièce dans son Voyage au Grenier.