Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/429

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s’il fallait le prononcer, grand Dieu !) : « Que publiezvous, que publlerez-vous ? demandait mon mari. — « Des inepties pour la caisse, contre la caisse, la traduction d’un beau livre, le Melmoth, de Maturin. — De qui la traduction ? — De Judith (du Théâtre français). » Grimaces très significatives de mon mari. — Pourquoi navez-vous pas demandé cette traduction à Baudelaire ? Lui, seul, pouvait la bien faire, etc., etc.» Vrai, mon mari a été très gentil, et j’ai regretté que vous n’entendiez pas tout ce qu’il a dit de vous ; vous auriez pardonné certaine boutade. — Guérin a expliqué l’affaire : Judith proposant à Lacroix Yerboucke la traduction d’un infime inconnu, un Maturin ; et Lacroix acceptant, dédaigneusement. Donc, impossibilité de donner à César ce qui appartient à Judith. J’avais envie de vous mettre au courant de cette affaire, et de vous engager à aller trouver Lacroix ; qui sait si on ne serait pas parvenu, dans l’intérêt de tous, à mettre Judith de côté ? Vous ne me répondiez pas, j< i me suis intimidée, et j’ai gardé le silence, aussi. Hier, Guérin, que nous avions gagné à vous, et inquiété sur Judith, est revenu nous voir, et a reparlé de Melmoth. Il a effrayé la malheureuse sur la lâche qu’elle a prise si légèrement, et lui a inspiré le désir de votre collaboration ; cela irait tout seul, si vous n’étiez à Bruxelles. Que diable faites-vous en Belgique ? car, vos raisons sont si mauvaises ! Mon mari a insisté pour qu’il y ait une préface de vous. Est-ce préface, est-ce introduction, est-ce notice qu’il a dit, je ne me rappelle pas ; enfin, quelque chose de vous en tête de l’ouvrage. Cela est dans l’intention de la Judith ; mais.