Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/76

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Pourtant, ce fut la maîtresse favorite de Baudelaire qui, bien que trompé par elle de toutes les façons[1], lui resta toujours attaché, d’une profonde affection.

    pagne, lisez dans Mon cœur mis à nu (XXXIV) : « De la haine du peuple contre la beauté. Des exemples : Jeanne… »

    On n’a guère de renseignements certains sur l’origine de Jeanne — car ce point d’histoire… littéraire a été l’objet de recherches, lui aussi, l’île Maurice ayant revendiqué la Vénus noire. Je crois avoir établi cependant qu’elle naquit à Saint Domingue (Lettre ouverte à Léon Deschamps, La Plume, 15 avril 1898). V. aussi, même revue, Baudelaire et Jeanne Duval, Mis Daruty de Grandpré, 1er et 15 août 1893.

  1. « Je ne lui ai jamais entendu parler d’aucune autre femme que de sa Jeanne Duval, que je ne connaissais pas encore, quand un jour nous la rencontrâmes au carrefour de la Croix-Rouge. Baudelaire s’élança vers elle, presque sur elle, l’œil étincelant et l’air furieux, et il lui parla très haut et avec beaucoup de colère. Je m’étais tenu à distance par discrétion. De retour vers moi, il me raconta que deux ou trois jours avant, il l’avait prise en flagrant délit avec son coiffeur à lui, en ajoutant qu’avec tout autre, la chose ne lui aurait rien fait ou lui aurait fait beaucoup moins, mais qu’il ne pouvait lui pardonner de l’avoir trompé avec un homme pareil. Elle n’avait pas eu l’air d’être bien vivement affectée de ses reproches. » (Notes de M. Charles Toubin.)

    M. Le Vavasseur note, d’autre part :

    « … Baudelaire et moi étions singulièrement préoccupés de Deburau, comme de simples Jules Janin. Nous hantions volontiers les Funambules. Habitué du lieu, avec quelques excentriques, j’étais presque un abonné, et on nous abandonnait, presque sans contrôle, une petite baignoire d’avant-scène de gauche. Un soir, la baignoire