Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/85

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Toutefois cette influence fut moins désastreuse qu’elle ne l’eût été sur un cœur plus vulnérable aux douleurs de l’amour et aux déceptions de la vie.

Au fond de son âme, Baudelaire méprisait les femmes. Comme dandy, il les abominait, nous l’avons dit. Comme catholique, il voyait en elles une des « formes séduisantes du diable ». Aussi s’étonnait-il qu’on les admît dans les églises [1].

Ayant fort peu vu le vrai monde, et renoncé, sans les avoir fréquentés, aux salons de la bonne compagnie où la franchise d’un langage audacieux jusqu’au cynisme l’avait fait mal accueillir [2], il n’avait plus vécu que dans des sociétés qui devaient lui donner une idée très imparfaite et très fausse des qualités et des vertus des femmes.

Ce qu'il appelle quelque part « leur éternelle niaiserie » l’indignait profondément. La frivolité d’esprit, l’ignorance, les bavardages des maîtresses de ses amis le faisaient fuir, et il étendait à tout leur sexe ses aveugles et inflexibles préventions [3].

    L’objection ne me semble pas tenir contre tant d’autres arguments résultant des images qu’y emploie le poète et avec lesquelles il nous a déjà peint sa maîtresse) ; l’Invitation au voyage, et, peut-être, La Béatrice.

  1. Mon cœur mis à nu, XXXIX.
  2. V. Souvenirs littéraires de Maxime du Camp, t. II, p. 61.
  3. « Il condamnait les maîtresses de ses amis au régime du vin et du tabac, afin d’assoupir leur langue et il ne pouvait supporter les propos des femmes qui viennent se jeter à travers les conversations d’artistes. » (Champfleury, Les Aventures de Mademoiselle Mariette. Portrait de