Page:Créquy - Souvenirs, tome 1.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

il est vraisemblable qu’il avait fini naturellement. Ses funérailles eurent lieu dans la chapelle de l’ordre de Malte au Temple avec une grande solennité, et ce fut M. de Belsunce, Évêque de Marseille, qui prononça son oraison funèbre, en présence de tous les princes du sang, à qui le Roi avait fait ordonner de s’y trouver.

Je me souviens que Madame de Maintenon écrivit à ma tante un billet fort aimable à cette occasion-là. Il n’était signé que de ce nom de domaine, sans aucun titré et sans prédécession de son nom d’Aubigné ; je me souviens aussi qu’il était cacheté aux armes d’Aubigné sans couronne de Marquise et sans accollement des armes de MM. Scarron qu’elle aurait dû porter en communauté, ce qui témoignait assez combien son état civil et nobiliaire était dans l’exception. La famille de son premier mari, Paul Scarron, n’avait pourtant rien d’ignoble : son origine remontait par titres vérifiés à l’année 1585, et ce fut seulement au milieu du xvie siècle qu’elle avait abandonné la profession des armes pour entrer dans la magistrature. Mon père avait connu plusieurs personnages de cette famille qu’il estimait considérable, et c’était notamment Pierre-Paul Scarron, Évêque et Prince de Grenoble en 1666 ; Jean-Marie Scarron, Marquis de Vaures et doyen des Conseillers de grand’chambre à la même époque ; enfin Catherine Scarron de Vaures, laquelle était femme du Maréchal-Duc d’Aumont, Gouverneur de Paris Chevalier des ordres et Capitaine des gardes-du-corps de Louis XIV. C’est à raison du roman comique et des facéties de Paul Scarron que son nom