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SOUVENIRS

ma tante de Breteuil en voulait parler préliminairement comme de raison, mais de son côté, mon père habitait Versailles et ne revenait à Paris que pour y toucher barre et s’en retourner en courant : enfin ce projet-là ne put être effectué que sept à huit jours plus tard.

Le Maréchal de Tessé me parut très affligé de la mort de sa femme, dont il nous parla les larmes aux yeux[1]. L’appartement de mon oncle faisait partie de celui de Madame la Dauphine (Duchesse de Bourgogne), dont il avait été le Grand-Écuyer. C’était un beau logement de sept à huit grandes pièces sur le parterre de la Roseraye qui mène aux grands escaliers de l’Orangerie. Je ne crois pas que les courtisans de ce temps-là se fussent accommodés des nids-à-rats et des galetas où nous voyons établis ceux d’aujourd’hui ; mais c’est à votre père à vous parler de son logement dans les combles de Versailles, à titre de grand-officier de Madame, je vous avouerai que je n’ai jamais compris sa résignation.

La défunte Maréchale était proche parente de Mme de Maintenon, attendu que leurs grand’mères, à toutes les deux, étaient des Demoiselles de Vivonne, et de plus, ma grand’mère était la filleule de Louis XIV et de Marie Mancini, ce dont il résultait que mon grand-oncle et ma grand’mère étaient

  1. Marie-Françoise-Athénaïs-Angélique d’Aubert d’Aulnay de Ville-Hardouin. Plusieurs dictionnaires la font mourir en 1709 et le 30 mars, afin qu’il n’y manque aucun détail. Elle a vécu trois ans plus tard et n’est morte que le 30 mai 1714. Les généalogistes n’en font jamais d’autres.
    (Note de l’Auteur.)