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SOUVENIRS

mon oncle le Grand-Prieur, il avait eu des amourettes avec une autre de leurs sœurs, qui était première femme de la Duchesse d’Angoulême, et qui s’appelait Mademoiselle de Grignaux. Ces deux bons hommes en disaient qu’elle était Dagorne et Goinfresse. — « Vous souvenez point, Monsieur, disait le Commandeur à son frère aîné, qu’étant venue souper un soir avec nous, elle avait mangé quatre perdrix, deux râles et je ne sais combien de cailles, avec des rôties à la moelle, en nous disant poco, ma buono ! je vis de peu, mais je veux du bon ! » C’était la plus misérable famille du monde, et vous allez voir que tout son patrimoine avait consisté dans la transmission de sa gourmandise héréditaire.

Quand les titres et les noms des grandes familles éteintes ont été abandonnés au pillage, on s’est mis à piller les noms des provinces ; mais aucune de ces usurpations n’avait paru plus mal établie que celle des Talleyrand de Périgord. Le juge d’armes et les tribunaux avaient eu la complaisance de le souffrir ; mais tous les généalogistes et tous les gens de qualité de ce temps-là furent confondus d’une pareille outrecuidance, et toute la noblesse du Périgord est encore aujourd’hui révoltée de leur prétention. Mais il est temps d’en venir à l’abbé de Talleyrand.

Sa mère et son père, qui était cadet de leur fa-

    pauté et ne pouvait pas être même une baronnie, car elle n’avait pas le droit de haute justice. » V. La dissertation de M. le comte de Flassan, sur la nouvelle généalogie du prince de Talleyrand. Paris, 1857.