Page:Créquy - Souvenirs, tome 10.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le 28 d’aoust 1514, je commencé à prédire par céleste prevision que mon filz seroit en grande affaire contre les Suisses ; car ainsy que j’estois apres souper en mon bois à Romorantin, entre sept et huit heures, une terrible impression céleste ayant figure de comète s’apparut au ciel vers Occident, et je feus la première de ma compagnie qui m’en apperçus, mais ce ne fust sans avoir grand peur ; car je m’escriay si haut que ma voix se pouvoit estendre, et ne disois autre chose, sinon hélas ! Suisses ! les Suisses ! les Suisses ! Adonc estoient avec moy mes femmes, et d’hommes n’avoit que Regnault de Refuge, et le pauvre malheureux Rochefort sur son mulet gris, car, aller à pié ne lui estoit possible dez ja.




Le 25 de septembre 1519, mon filz, qui estoit allé à la chasse à la chappelle vendosmoise près Blois, se frappa d’une branche d’arbre dedans les yeux, dont je feus fort ennuyée.




Le 26 septembre 1522, à S. Germain en Laye, Pierre Piefort le jeune, fils de Jean Piefort, contoreul du grenier à sel de Chasteaudun, parent de plusieurs riches personnages de la ville, fut bruslé tout vif, apres que, devant le chasteau de S. Germain, il eut eu la main couppée, pour ce que sacrileigement il avait prits le Corpus domini, et la custode qui estoit en la chappelle dudit chasteau, et le derniez jour du mois, mon fils vint à pié, la teste nuë, une torche au poing, depuis Nanterre jusques au dict lieu, pour accompagner la Saincte-hostie,