Page:Créquy - Souvenirs, tome 10.djvu/236

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et pour lors que les deux trompettes eusrent sonné par trois fois, jai dict a voix haulte et fortement intelligeable,

De par nostre Seigneur le Royal Duc de Savoye, nous venons pour sommer Messire René de Lucinge, Seigneur Baron de Ceans et aultres Seigneuryes, tant aux pays de Savoye quaux terres de l’Empire et de France, Chevalier de l’Ordre, Conseillier dEtat, Grand Maistre et Grand Referendayre de son Altesse, aultresfois son Ambassadeur en cour de France, et cætera, et cætera ; pour quil ait a camparoir le jour unzieme de may prochain pardevant nostre dict Seigneur ou ceulx de son consceil de Savoye, a cette fin dy respondre et rendre rayson sur aulcuns griefs impustez a luy par suffysants tesmoignages, adjoustant que pour deffauct de ce faire il sera poursuivy comme rebelle et ses biens saizis sans aultres advertissement ou monition diceluy Duc nostre Souverain Seigneur, que Dieu guarde a tout jamais !

Et la, sousvrit la porte Majeure et sortit un gentilhomme a Messire René de Lucinge, appelé Noble Jehan de la Versollyere, escorté de plusieurs Escuyers, hommes darmes et aultres de la maison, lequel me convya dentrer et ma compagnie, et nous fisrent bonne chere, et nous conduyrent en la grand salle a droicte la deuxiesme cour du chasteau, nous demandant sy désirions aller ouyr le sainct office et adorer le Sacrement en la chapelle, ce a quoy je fis signe de refuts pour la difficultez du comportement, ne me debvant point descouvrir de ma toque et mon chaperon pardeuant le Seigneur sommé quy se pouvoist trouver a siege au dict lieu sainct. Apres