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SOUVENIRS

explication sur M. Canaples, il ne m’est jamais arrivé, pendant mon séjour à Rome, de rester une seule journée sans lui faire ma cour. Oh ! l’équivoque et l’amphibologie ! je n’ai jamais fait ma cour à M. de Canaples, et n’allez pas vous y tromper.

La cour d’Angleterre était fort bien établie dans le palais Borgia que la Reine douairière, Marie de Modène, avait acheté pour son fils, du Cardinal Hovard de Norfolk, et sur la porte duquel on n’avait pas manqué de placer les armes d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, avec celles de France au premier quartier. Je ne pouvais m’en taire, et je ne sais comment les Rois très-chrétiens ont bien voulu tolérer cette absurdité-là[1] ?

La devise de l’écu britannique est en français, ainsi, m’a-t-on dit, que les inscriptions qui marquent les noms et les titres des chevaliers de la Jarretière et du Bain dans les chapelles de Windsor et de Westminster ; et comme il en est ainsi du serment, des statuts de ces ordres et des principales formules de la couronne envers le parlement britannique, il parait qu’on ne peut ni regarder, ni rien écouter à la cour d’Angleterre sans y trouver partout le sceau profondément appliqué des Nor-

  1. Le gouvernement et les Princes anglais ont retranché les fleurs-de-lys de l’écu britannique sous le règne de Georges III, en exécution d’un article dont Bonaparte avait fait la stipulation secrète à l’occasion du traité d’Amiens. C’est encore à dater du même traité que les rois d’Angleterre ne prennent plus le titre de Roi de France, qu’ils s’obstinaient à porter depuis l’usurpation de la couronne de France par Henri VI.
    (Note de l’éditeur.)