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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

voyage en France avec la petite-fille du Roi de Pologne, Jean Sobieski, vivait noblement et paisiblement à Rome, où tous les jacobites affluaient pour entretenir ses espérances et tout au moins pour y rendre hommage à ce noble exilé, leur souverain légitime, et leur unique souverain suivant la conscience et les lois de leur pays.

La Reine Marie-Clémentine était belle, aimable et polie elle avait du goût, un esprit fort aimable et beaucoup d’attrait pour la noblesse de France, où sa sœur avait trouvé de riches partis ; car, après la mort du Duc de Créquy-Blanchefort, avec qui le contrat de mariage de cette Princesse était déjà signé, elle avait épousé successivement, c’est le mot propre, le Duc de Bouillon-Turenne et le Prince de Turenne, héritier de son frère. Votre oncle de Créquy-Canaples avait très-mal accueilli la proposition d’épouser Marie-Casimire Sobieska : je vous ai déjà dit comment il avait reconnu sa bonne intention pour lui. Quand la Reine eut appris par moi combien M. de Canaples était souverainement déraisonnable, et lorsque je lui dis que la Princesse Charlotte de Rohan, sa première femme, en était morte d’affliction : — Vous me soulagez agréablement, dit-elle, car j’étais blessée de ce qu’une personne de votre famille eût montré de l’inconsidération pour la nôtre.

J’avais bien compté sur le bon effet de mes contasseries. Dans la soirée du lendemain, la Reine eut l’extrême bonté de vouloir me faire une visite que je m’empressai d’aller recevoir dans son carrosse à la porte de notre palais ; et depuis notre