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Page:Créquy - Souvenirs, tome 2.djvu/13

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

sa requête, mais qu’il n’avait pas autre chose à lui répondre, attendu que de mémoire de cour souveraine, on n’avait admis aucune requête pareille à celle-là. Elle en porta plainte au Roi qui la fit prier de le laisser tranquille.

Je ne vous dirai presque rien du Czar Pierre et de son séjour à Paris, parce que j’étais allée passer six semaines à Montivilliers, pendant une inspection de M. de Créquy dans le nord de la France, en sa qualité de directeur-général de l’infanterie, ce qui fait que je n’ai pas vu le Czar. Ce que je vous en pourrais dire se trouve partout, ainsi vous n’aurez pas à regretter mon absence. C’était le Maréchal de Tessé qui avait été chargé de faire les honneurs de la France à S. M. Moscovite, et qui la fit loger avec tout son monde à l’hôtel de Lesdiguières. Une chose que je vous puis assurer, par exemple, c’est qu’il n’est pas vrai que sa visite à Mme de Maintenon se soit passée d’une manière inconvenante, ni qu’il ait tiré brusquement les rideaux de son lit pour la regarder avec une curiosité qu’on pourrait appeler impertinente, et sans lui parler, qui plus est ! Tout ceci n’est qu’une rêverie, non pas du Duc de Richelieu, mais du Duc de Saint-Simon qui tournait toujours chaque chose à sa fantaisie. Voici tous les détails de leur entrevue, tels que je les tiens de mon oncle de Tessé, directement.

Le Czar était allé coucher à Versailles où l’on avait disposé pour lui l’appartement de Madame la Dauphine, et le soir même il avait dit mot-à-mot au Maréchal, en bon français (ce qui prouva qu’il avait bu démesurément car il ne voulait d’ha-