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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

relique aux sœurs de la Visitation, qui ne purent jamais se la faire restituer ; ensuite on découvrit que la malheureuse en avait disposé pour opérer la guérison de monsieur son fils, le Duc d’Ayen, qui avait la rougeole, et que la relique avait été délayée dans une médecine après avoir été pilée dans un mortier sous les yeux de la Maréchale. On avait même ajouté que l’administration qu’elle en fit n’avait pas été si respectueuse, et qu’elle ne se contenta pas de la faire employer dans un breuvage. Quoi qu’il en fût de cette profanation, nos couleurs et nos honneurs étaient les mêmes ; ainsi des valets qui béyaient à la porte d’une église et des cochers moins érudits que M. Girard avaient bien pu se tromper entre son équipage et le mien. On a su quelque temps après que ce vol de Nanterre avait été véritablement commis par la Maréchale de Noailles, qui voulait absolument, coûte que coûte, avoir une relique dérobée en sa possession. C’était pour satisfaire à je ne sais quelle imagination superstitieuse et procéder je ne sais quelle opération suivant sa lubie du moment. M. l’Archevêque envoya son Promoteur à l’hôtel de Noailles, et la Maréchale répondit pour ses raisons qu’elle avait eu besoin d’une relique dérobée, et qu’elle avait préféré se trouver chargée de la responsabilité du délit plutôt que d’exposer toute autre personne à la pénalité d’un vol sacrilège.

Ce fut à cette occasion-là que l’Archevêque de Paris et l’Évêque de Chartres eurent la précaution de lui interdire l’usage de la Communion, ce qui fut généralement désapprouvé, parce qu’ils ne voulurent pas en faire connaître le véritable motif. Je me