Page:Créquy - Souvenirs, tome 2.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
202
SOUVENIRS

Mme d’Egmont était idolâtrée par son père, à moins pourtant qu’elle eût l’air de s’appuyer sur les Alérions de Lorraine, car alors elle était accablée de reproches épigrammatiques et soumise au régime de la Déclaration de Fléchier, que son père lui administrait assidûment pendant sept ou huit jours. Du reste, M. de Richelieu aimait encore moins son fils unique que le Maréchal de Bellisle n’avait regretté le sien, qui était cependant un autre personnage que le Duc de Fronsac. Je me souviens qu’ayant demandé de ses nouvelles à son père le Maréchal de Richelieu, celui-ci répondit : — M. de Fronsac ? je n’ai pas eu l’honneur de le voir depuis long-temps. Je ne sais pas si nous sommes parens, mais nous ne sommes pas amis !…

On a beaucoup parlé de l’ignorance affectée du Maréchal de Richelieu, qui se divertissait à paraître ne pas savoir les choses les plus simples. Il est vrai qu’il ne savait pas grand’chose en fait de géographie ni d’orthographe ; mais il était très habile en fait d’histoire ecclésiastique et passablement instruit en astronomie, ce qui me faisait dire qu’on ne lui avait pas fourni de chemises, et qu’il avait acheté des manchettes ; mais, du reste, on aurait dit que la justesse et la vivacité de son esprit sup-

    Il est mort en 1761, âgé de 77 ans. De sa seconde femme, Marie-Casimire de Bethune, il avait eu pour unique enfant Louis-Marie, Comte de Gisors, qui fut tué en 1758 à l’armée du Rhin, à l’âge de 26 ans, et qui n’a pas laissé d’enfans de son mariage avec Hélène-Julie-Diane de Mancini-Mazarini, ce qui fait que la postérité du surintendant Fouquet se trouve éteinte.

    (Note de l’auteur.)