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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

pléaient magnifiquement à ce qu’il ne savait pas. Le Chevalier de Montbarrey m’a conté que le Maréchal, se promenant un jour dans le parc de Versailles à la suite de Madame la Dauphine[1], cette princesse lui demanda, je ne sais pourquoi, quelle différence il y avait entre les Dryades et les Hamadryades. — Mais, Madame, lui répondit le Maréchal, qui n’en savait pas un mot, il m’est avis que c’est comme qui dirait entre l’Archevêque de Sens et l’Évêque d’Auxerre que voilà : j’ai vu qu’il s’était rangé pour laisser passer l’Archevêque, qui est son Métropolitain. Le Duc du Nivernais, savant mythologiste, ne se serait pas tiré d’affaire avec plus de sagacité.

Une des bonnes histoires du Maréchal de Richelieu, c’est celle d’une leçon qu’il avait été donner à son petit-fils, pendant qu’il était au collége, et voici comment. C’était un 30 décembre, et par une assez belle journée d’hiver ; on vient avertir le principal du Plessis que le carrosse de M. le Maréchal de Richelieu vient d’arrêter à la porte de ce collége, et qu’il demande à voir M. le Comte de Chinon, son petit-fils, âgé pour lors de seize à dix-sept ans[2]. On s’aheurte, on s’empresse, et

  1. Marie-Joséphine de Saxe, femme du Dauphin, père et mère des Rois Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.
  2. Armand-Emmanuel-Sophie-Septimanie de Vignerot du Plessis, alors Comte de Chinon et de Pontcourlay, depuis Duc de Richelieu et de Fronsac, Pair et grand-Veneur de France, ex-Président du conseil des Ministres, etc., mort en 1822. La date de cette anecdote, qui n’est pas précisément indiquée, paraît être de 1785 à 1786.