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SOUVENIRS

chesse d’Orléans[1]. C’était un jeune et séduisant gentilhomme que la mauvaise fortune avait forcé d’entrer dans les gardes-françaises en qualité de simple soldat ; et comme il ressemblait inconcevablement au Comte de Gisors, avec plus de jeunesse et plus d’agrément encore, s’il est possible, on pourrait dire, à la défense de cette malheureuse Comtesse d’Egmont, que ce dernier attachement fut une preuve de la solidité de son caractère, et la marque de sa fidélité pour le premier objet de son affection. Cet aimable jeune homme ayant donc une ressemblance extraordinaire avec M. de Gisors pour la figure et la physionomie, pour la taille et la démarche et jusque pour le son de la voix, on supposa qu’ils pouvaient être fils du même père ; et du reste, voici l’anecdote avec tous ses détails.

Mademoiselle de Richelieu était donc devenue Comtesse d’Egmont et tout ce qui s’ensuit, c’est-à-dire une des sommités aristocratiques les plus élevées de l’Europe, ainsi qu’on a la bonne grâce et la simplicité de s’exprimer aujourd’hui ; c’est-à-dire Princesse de Clèves et de l’Empire Duchesse de Gueldres, de Julliers, d’Agrigente et de Bisacia, enfin Grande d’Espagne à la création de l’Empereur Charles-Quint, côte à côte avec les Duchesses d’Albe et de Medina-Celi, qui sont les deux plus grandes dames de l’Europe. On remplirait quatre pages avec la titulature et la liste des majorats de cette grande et puissante maison d’Egmont, qui descendait en ligne directe des Souverains-Ducs de Gueldres, et

  1. Mère de Louis-Philippe-Égalité.