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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

venable que Mesdames assistassent aux obsèques de la Reine Très-Fidèle, et comme leurs maisons n’avaient pas encore été formées, on avait choisi plusieurs femmes de qualité pour leur faire cortége, et c’est moi qui fus désignée par le Roi pour remplir l’office de Dame d’honneur auprès de Madame Louise de France, laquelle est aujourd’hui Carmélite au couvent de Saint-Denis[1]. C’était donc moi qui portais la queue de la mante ou plutôt la pointe du voile de cette Princesse, qui la couvrait de la tête aux pieds, et qui traîna de quatorze aunes lorsque j’en laissai tomber la pointe en entrant dans le sanctuaire, ainsi qu’il m’avait été prescrit. C’était ma tante de Parabère qui portait la queue du mien, mais celui-ci n’avait en longueur que trente-six pieds-de-roi, ni plus ni moins et bien exactement, suivant l’aunage et le compas de l’étiquette du Louvre.

La Marquise de Parabère était une assez grande Dame, et certes ! elle était fille de qualité ; mais il paraît qu’on avait pourtant combiné la chose à dessein de maintenir et manifester la différence qui se trouvait entre les deux noms que nous avions l’honneur de porter (soit dit poliment pour elle). Le

  1. Louise-Marie de France, Duchesse de Vendôme et Comtesse de Blois, fille de Louis XV et de la Reine Marie de Pologne, née à Versailles le 15 juillet 1757, Religieuse Carmélite au couvent de Saint-Denys en France, en 1771, élue Prieure de ce monastère en 1773, et morte à Saint-Denys le 25 décembre 1787. Elle était sœur puînée de Marie-Adélaïde de France, Princesse de Béarn et Duchesse de Foix, née le 22 mars 1752. Madame Adélaïde est morte à Trieste pendant son émigration, ainsi que sa malheureuse sœur, Madame Victoire de France, Comtesse de Nantes.
    (Note de l’Éditeur.)