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SOUVENIRS

degré d’ascendance en parenté n’a rien à faire en ces choses-là ; c’est le rang qui décide, et j’ai vu, dans une autre cérémonie, la Marquise douairière d’Hautefort porter la robe de la femme de son petit-fils, parce que cette dernière était née Grande d’Espagne, et qu’elle avait droit aux honneurs du Louvre, en vertu du pacte de famille. Peut-être aussi m’avait-on jointe à Mme de Parabère afin d’être bien assuré qu’elle ne recevrait de son acolyte et sa parente aucune marque d’inconsidération fâcheuse et désagréable pour elle. Il y avait long-temps que personne ne la voyait plus, à cause de ses vilaines histoires du temps de la régence ; mais je ne saurais dire que personne ait pu la voir ou l’entrevoir ce jour-là, à cause de toutes les étamines et tous les crêpes noirs dont nous étions affublées.

Pendant que les femmes des Atours de Mesdames étaient à nous ajuster nos voiles, à l’Archevêché, lieu du rendez-vous pour le départ du cortége, nous y vimes arriver Mme de Parabère, toute voilée, et je suppose que c’était par embarras de s’y montrer différemment. Les jeunes Princesses la reçurent avec une indulgence parfaite, une bonté charmante, et cette malheureuse femme en fut tellement émue que la voix lui manqua pour répondre à Mesdames. Quant à moi (la phrase est ici pour le mieux), je lui fis une salutation cérémonieuse, sans aucune autre sorte de politesse ; je m’en serais fait un cas de conscience, et, du reste, la chose avait été réglée par M. de Créquy, lequel avait gardé pour cette indigne parente un dégoût rhubarbatif.

Les honnêtes fermes de mon temps se seraient