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Page:Créquy - Souvenirs, tome 2.djvu/25

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

demandait à parler le plus vite possible, et qu’il envoyait conjurer de se rendre au Palais-Royal sans nul retard. M. le Cardinal arriva dans un carrosse à lui, parce que les armes d’Orléans étaient sur l’autre voiture, ce qui déplut souverainement à M. de Ségur, Maître de la garde-robe de S.A.R. et chargé par elle de cette commission. La séance fut longue entre ces deux ecclésiastiques et M. le Régent. Tous les ministres, les conseillers et les courtisans du Palais-Royal en attendaient la fin dans une galerie qui précédait le cabinet du Prince ; enfin, la porte s’ouvre, le Cardinal en dépasse le seuil, il se retourne, et là, devant tout ce monde, et tout à côté du Régent qui avait l’air consterné, voici mot pour mot, ce qu’il dit à l’Abbé de Gerzy : « M. le Curé, en vertu de mon autorité comme Archevêque de Paris et votre supérieur canonique, je vous défends d’administrer, faire administrer ou laisser administrer les sacremens de l’église à Madame la Duchesse de Berry, à moins que M. le Comte de Riom et Mme la Vicomtesse de Mouchy ne soient partis du Luxembourg, et qu’ils n’en aient été congédiés par ordre de cette Princesse. »

Le Cardinal de Noailles avait toujours fait preuve d’austérité, mais c’était pour les doctrines et nullement contre les personnes ; il était la douceur et la charité même ; ainsi vous pouvez supposer ce que c’était que cette fille du Régent, et quelle était l’effronterie de sa vie scandaleuse ?…

Cependant, la Duchesse de Berry se mourait ; elle demandait impérieusement à recevoir les onctions avec le saint Viatique, dont le refus la mettait