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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

viendrez, une fameuse période. J’ai cru n’en pas finir, et ma plume en est hors d’haleine.

À propos des Montmorency je ne vous en ai pas dit tout ce que j’avais sur le cœur et pendant que je les tiens par les cheveux, je veux vous en raconter quelque chose encore, de peur de l’oublier. Mme la Vicomtesse de Laval s’avisa de vouloir un jour singer sa défunte cousine de Luxembourg, et voilà qu’elle écrivit le billet suivant au Maréchal de Ségur, qui était pour lors ministre de la guerre, et qui ne voulait pas confier le commandement d’un régiment au fils de Mme la Vicomtesse « Je ne sais, Monseigneur, si vous avez lu l’histoire de notre maison, mais vous y verriez qu’il était plus facile autrefois à un Montmorency d’avoir l’épée de connétable, que d’obtenir aujourd’hui des épaulettes de colonel, etc. » Le Maréchal de Ségur lui répondit fort à propos qu’il avait lu l’histoire de France, et qu’il en concluait que MM. de Montmorency avaient toujours été traités suivant leur mérite. On se moqua joliment de cette outrecuidante personne avec sa rabâcherie des connétables et son histoire des Montmorency, par M. des Ormeaux ou par M. du Chêne ; je ne sais plus lequel des deux, mais je sais bien que c’est la plus ennuyeuse histoire du monde[1].

Mlle Quinault, ou plutôt Quinaut, suivant la

  1. Catherine-Jeanne Tavernier de Boullogne, fille de Guillaume Tavernier, Écuyer, Sieur de Boullogne, et Trésorier de l’extraordinaire des guerres. Elle est mariée, depuis l’année 1765. à Mathieu-Paul-Louis de Montmorency-Laval, premier Gentilhomme de la chambre de Monsieur, frère du Roi, et Gouverneur des ville et château de Compiègne.
    (Note de l’Aut.)