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SOUVENIRS DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

faire à mes vassaux et mes tenanciers, la remise et l’abandon pour trois ans[1]. Enfin, M. le Régent fit un passe-droit à M. de Créquy en faveur de M. de Bellisle, qui n’était pas alors Maréchal de France, et Duc et Pair encore moins. Votre grand-père y mit une hauteur parfaite ; il écrivit au Roi, séant en son conseil qu’il ne pouvait plus continuer à le servir avec honneur ; il écrivit en quatre lignes à M. le Régent, nullement pour se plaindre et seulement pour lui donner sa démission de Directeur-Général de l’infanterie ; et nous voilà partis pour Venise, où mon père était Ambassadeur extraordinaire.

Avant de quitter Paris, j’aurais voulu vous parler de la désolation générale pendant la maladie du Roi, comme aussi des jubilations qui furent la suite de sa guérison ; mais tous les écrivains du temps ne m’ont laissé rien à dire sur toutes les choses de prescription extérieure ; ainsi je vous dirai seulement que ce furent les corporations judiciaires, la ville de Paris, et le Maréchal de Villeroy, Gouverneur de S. M. qui firent tous les frais des Te Deum et des réjouissances civiles, car le Régent et M. son fils n’en dénouèrent pas les cordons de leurs bourses. J’ai assisté à cette belle fête qui fut donnée aux Tuileries par M. de Villeroy et c’est ici le cas de relever un faux rapport du Duc de Saint-Simon, qui ne s’y trouvait point et qui n’y pouvait pas être,

  1. Les paysans de Gastines ont été pour nous d’une ingratitude horrible. Nous avions fait rebâtir leur village, et la première chose qu’ils ont faite, au commencement de la révolution, a été de brûler mon château. 1795.
    (Note de l’Auteur.)