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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

pour se préserver du bruit, dit-il à son oncle. – Mais vous n’êtes pas malade et vous n’avez pas à craindre un bruit de carrosse à Lisieux. — C’est vrai, Monseigneur, mais il parait que vous comptez pour rien le bruit des cloches. Je le déteste, le bruit des cloches, et je ne veux négliger rien pour l’amortir !

Il disait quelque temps après à ma grand’mère de Froulay : – Voilà M. de Lisieux qui vient de mourir, grâce à Dieu ! vous devriez bien dire à Mme de Maintenon de me faire donner le cordon bleu qu’avait mon oncle. — Quel âge avez-vous ? lui dit-elle. — Ah mon Dieu je n’ai que 34 ans, c’est une année de moins qu’il ne faudrait d’après les statuts ; mais vous pourrez dire à Mme de Maintenon que je devrais en avoir 35, parce que ma mère avait fait une fausse couche l’année d’avant ma naissance. J’ai toujours compté que cela m’avait retardé d’un an, poursuivit-il avec un air de suffisance et de calcul expérimenté.

Quand la Princesse de Monaco, sa belle-sœur, fut accouchée de son premier enfant (le Marquis de Baux), il s’empressa d’annoncer une si bonne nouvelle à son frère aîné qui était à l’armée ; mais il avait négligé de s’informer de quel sexe était le nouveau-né, et vous allez voir comme il se tira d’affaire. (M. de Créquy se trouvait en même temps à l’armée de Flandres, où le Comte de Thorigny servait sous ses ordres, et il avait pris copie de cette curieuse lettre que je vous transcris fidèlement.) « Je suys de present a torigny venu pour les cousches de vostre chaire femme quy a failly de mourir et quy vient d’estre heureuxement délivrée d’un gros enfant quy fait