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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

misérables espèces du monde, avec le comédien Granval entre autres. C’est dans une suite de farces grivoises, ouvrées par le sieur Collé, célèbre amphigouriste, et c’est uniquement à l’usage de la maison d’Orléans. Le lieutenant de police ne souffrirait pas qu’on étalât pareilles ordures sur les tréteaux des foires Saint-Laurent ou Saint-Germain.

Cette Princesse de Conty (née d’Orléans) avait une fille, laquelle était la femme de son cousin-germain, le Duc d’Orléans d’aujourd’hui. Cette femme est morte, et l’on a trouvé dans sa cassette un recueil de satires et d’horribles chansons qu’elle avait composées. Elles ne sauraient être transcrites par la plume d’une autre femme, et surtout d’une femme chrétienne. Je n’en pourrais citer que ce commencement d’un couplet qui s’adressait à son mari :

 
« Monseigneur d’Orléans,
« Vos prétendus enfans
« Sont l’objet du mépris
« De tout Paris ! »

Monseigneur d’Orléans n’a fait qu’en rire, et tous les habitués du Palais-Royal ont pris copie de ce même recueil de poésies, que la princesse avait intitulé : Mon Testament.


Le directeur-général de la librairie, M. Lamoignon de Malesherbes, est un économiste admirable ! Il autorise l’impression des mauvais livres, afin d’empêcher leur introduction par l’étranger, ce qui nous exposerait à l’exportation d’une partie du numéraire. Il a permis le débit d’un ouvrage où l’on ose dire qu’un prisonnier de la Bastille, un intri-