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SOUVENIRS

dire à M. le Duc d’Orléans : — Voyez donc ce beau dessin d’un bouquet allégorique : il se trouve signé dans ce coin-ci par Vanspandon, le peintre de fleurs. Est-ce que c’est une malice qu’on aurait voulu faire à cette bonne Marquise ?

M. le Duc d’Orléans aurait bien voulu se cabrer ; mais pour ne savoir comment s’y prendre ayant le jarret trop faible, il aima mieux tourner bride ; il s’en alla souper auprès du lit de Mme de Montesson, et de son râtelier, ajoutait sa nièce de Genlis qui ne pouvait la supporter et qui nous en faisait toujours mille plaintes. (Elle avait inventé le mot Tantâtre à son occasion.)

— Le monde est par trop injuste et par trop méchant ! disait cette bonne. Marquise à son bon prince. Je veux m’en aller d’ici ! je veux, absolument quitter le monde et me réfugier dans un couvent pour y prendre le voile. — Ô mon seigneur, ô mon prince aimable et chéri ! laissez-moi donc m’éloigner de-votre cour, où les envieux me poursuivent et la calomnie me persécute ; à raison de la confiance dont vous m’honorez et de ma respectueuse affection pour vous !

— Vous voulez donc me faire mourir de chagrin ? lui répondait son prince aimable et chéri le plus sérieusement du monde et le plus tristement.

— Ne consentirez-vous jamais à ce que je me retire dans un cloître, reprenait-elle en redoublant ses grimaces, et par exemple, à l’abbaye de Chelles, où

    de Puysieulx, ministre des affaires étrangères, etc. Morte en 1779. Je n’ai jamais connu personne qui eût autant d’esprit déraisonnable

    (Note de l’Auteur.)