Page:Créquy - Souvenirs, tome 3.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

puisse aller sans malencontre avec un pareil mépris de ses lois organiques et des droits acquis par tant de services, après tant de siècles ? avec tous ces actes d’une injustice impertinente ? avec un pareil désordre au premier rang ? Quand je pense que tout ce que nous voyons aujourd’hui deviendra de l’histoire, je suis en révolte contre mes contemporains. Mais quand je pense que le mauvais temps d’aujourd’hui sera peut-être nommé le bon temps par ceux qui viendront après nous, je suis prête à revenir sur mes emportemens. Soyez donc tolérant pour votre grand’mère, mon cher Prince ; soyez indulgent pour elle à raison de ses vieilles idées aristocratiques et des habitudes de son temps, qui ne ressemblera guère au vôtre, à ce qu’il me paraît. Quant à savoir lequel valait le mieux de votre temps ou du mien, ce sera vos petits-enfans qui en décideront.

On apprit en sortant du grand-couvert que la Maréchale d’Estrées et la Comtesse de Lamarck n’avaient pas pu s’y faire placer, ce qui parut une chose autrement sérieuse que la déconvenue ne Mme de Coigny. Les huissiers de la chambre avaient eu la sottise de laisser asseoir aux places des femmes

    dit que son grand-père était un marchand de Carpentras, et leur titre de Duc avignonnais est fondé sur un brevet pontifical. Si on les a laissés s’élever sans crier, c’est qu’on les regardait de si haut et qu’on les voyait de si loin, qu’on n’y prenait pas garde.

    On voit dans leur généalogie, qu’ils ont publiée très sottement, car on ne leur en demandait point, que toutes leurs alliances sont à l’unisson de leur origine. On n’y voit que des demoiselles Fabry de Verjus, des Brunaud de la Rabatellerie, des Cardon-Trudaine, etc.

    (Note de l’Auteur.)