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SOUVENIRS

titrées deux ou trois pétoffes d’ambassadrices, dont les maris n’étaient seulement pas accrédités par des têtes couronnées, celle de Gênes et celle de Hollande, par exemple. Aussi tous les huissiers de la chambre en furent chassés, de cette affaire-là, et toute la cour alla se faire écrire aux portes de Mmes de Lamarck et d’Estrées, en témoignage de sympathie pour un accidents si funeste ! — Je vais encore ouvrir une parenthèse. (Vous aurez sûrement appris déjà que les personnes à qui nous accordons la qualification de femmes titrées ne sont que les Duchesses ou les Grandes d’Espagne, les femmes de Maréchaux de France, et les autres femmes qualifiées, n’importe de quel titre, dont les maris sont en possession des honneurs du Louvre héréditaires, avec le titre de cousin du roi. Il est bon de vous dire que les princes étrangers de maisons régnantes, qui ne sont pas royales, ne sauraient obtenir aucun privilège de rang à la cour de France : n’oubliez jamais de vous en prévaloir et vous en réclamer à l’occasion. Vous pourriez dire que j’ai vu solliciter par le Prince de Salm et de Kirbourg, à défaut d’un brevet de Duc français, qu’il ne put obtenir des Rois Louis XV et Louis XVI, que je l’ai vu solliciter un diplôme de Grand d’Espagne, à l’effet d’en obtenir le même rang que le nôtre à la cour de Versailles, afin de ne pas s’y trouver étouffé et comme étiolé dans la foule, avec les simples gentilshommes présentés. La sœur aînée de M. de Salm avait épousé le Duc de la Trémoille, et la seconde un prince de Croüy qui jouissait héréditairement des prérogatives ducales, mais la plus jeune avait épousé le Prince régnant de Ho-