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SOUVENIRS

parce que leur petite seigneurie de Beaumont relevait de son château d’Ancy-le-Franc). Ce jeune homme était accusé tout à la fois de violence et de séduction par la famille d’une jeune personne qui se serait trouvée dans la situation la plus embarrassante pour une demoiselle et la plus déplorable pour une religieuse, car elle était Chanoinesse d’Alix et dignitaire de son chapitre. On prétendait qu’elle était morte en couches ; et son nom ne fait rien à l’affaire.

Comme le chapitre d’Alix est de fondation royale et qu’il a des prétentions au droit de committimus, on avait entrepris de faire décliner à cette maison la juridiction du Parlement de Bourgogne et de faire évoquer la cause au grand-conseil ; mais l’Évêque d’Autun (M. de Marbœuf) avait commencé par attirer l’instruction préliminaire à son officialité diocésaine pour cause de sacrilége ; le chapitre d’Alix ne manqua pas d’en appeler successivement à l’officialité métropolitaine de Lyon, qui confirma la sentence épiscopale d’Autun, et de là à l’officialité primatiale des Gaules, séante à Lyon, qui consacra la sentence des premiers juges ; sentence de blâme contre le chapitre, renvoi du sieur d’Eon par-devant les tribunaux séculiers, appel comme d’abus, procès au grand-conseil, et finalement ordre du Roi pour étouffer toute cette affaire et pour anéantir la procédure.

Les pièces du procès n’établissaient aucune suspicion de violence et non plus de grossesse.

Plusieurs conseillers d’état, et M. Talon notamment, ne doutaient pas que cette poursuite contre