Page:Créquy - Souvenirs, tome 3.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
205
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

« luminaire éteint pour les mystiques joies de l’époux céleste, » ainsi que M. l’abbé de Bernis avait médité de le dire en son sermon. Les Menus-Plaisirs avaient fourni les riches tapis qui recouvraient la mosaïque et les admirables pavés de cette charmante église. Les lustres, les torchères et les girandoles du Roi s’y voyaient à profusion ; mais comme il ne s’y trouvait pas exactement autant de fauteuils que de dames invitées, celles qui furent obligées de se contenter d’une chaise de velours à dossier se plaignirent infiniment de l’intendant des Menus, le sieur Papillon, à qui l’on reprocha généralement d’avoir ajouté à son nom celui de la Ferté. Madame la duchesse de la Ferté, qui vivait encore, et à qui l’on disait souvent : — Comment souffrez-vous cela ? répondait judicieusement — Il faudra toujours bien qu’ils ajoutent Papillon au nom qu’ils viennent de prendre ; ils n’oseront jamais se faire appeler messieurs de la ferté tout court ; ainsi qu’est-ce que cela nous fait ?

Le sanctuaire était rempli de nobles évêques en soutane violette, de Chanoines en grand habit de chœur avec l’aumusse de petit-gris sur le bras, de vénérables Bénédictins, Bernardins, Feuillans, Récollets, Minimes et Capucins avec leurs différents costumes si variés et si pittoresques.

On voyait au milieu de ce concile œcuménique la grande figure historique de Monseigneur Christophe de Beaumont, entouré de ses quatre Archiprêtres et de ses Vicaires-Généraux. Il était assis au juste milieu de l’assistance et le dos tourné contre l’autel. Quand il avait les yeux baissés, sa figure pâle et sé-