Page:Créquy - Souvenirs, tome 3.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
221
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

cru ne pas agir suivant les règles de la prudence, et bien prévenu qu’il était que le célibat est le plus excellent des états, il n’a jamais voulu se mêler ni s’entremettre avec témérité dans les incertitudes d’aucune alliance humaine. L’occupation de sa charité et la pratique des œuvres de miséricorde ne l’empêchèrent point de devenir très savant. Il s’appliqua avec une ardeur et un succès incroyables à l’étude de Saint-Thomas, d’Estius, et des autres théologiens les plus renommés, et il en vint à ce point élevé de la science qu’il avait la consolation de pouvoir lire les livres saints dans le texte original. Il donnait en même temps quelque application à l’étude de l’histoire, de la géographie, de la physique, de la botanique, de la chimie, de l’histoire naturelle et de la peinture, toutes sciences utiles. Plusieurs savons, prévenus contre les grandes lumières attribuées à Monseigneur le Duc d’Orléans, sont allés s’en assurer par eux-mêmes, et ont avoué que l’étendue de ses connaissances les avait surpris d’étonnement et d’admiration. Ils peuvent attester la vérité de ce que nous en disons ici, mais nous ne voudrions pas citer leurs noms sans leur aveu ; il faut espérer que leur esprit d’équité les portera d’eux-mêmes à se faire connaître, afin de rendre justice à celui que nous pleurons. On en sera moins surpris si l’on veut bien considérer que Monseigneur le Duc d’Orléans a employé pendant vingt-sept ans de sa vie un temps considérable à l’étude, et qu’il employait ses récréations à converser de ce qu’il avait appris. Il aimait la société des autres