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SOUVENIRS

teurs y mettaient de l’obstination. Ceci faisait dire à M. l’Archevêque que la doctrine des Jansénistes était fort exclusive en ce que leur charité n’aboutissait qu’à nourrir les chiens des aveugles. Mme de Montmorency n’a pas manqué de tester et d’établir fidéi-commis sur fidéi-commis en faveur de la Boite-à-Perrette ; elle a légué toute sa fortune aux Appelans contre la bulle Unigenitus, qui s’en sont fait le partage ; l’Archevêque schismatique d’Utrecht et sa petite église en ont recueilli trente-deux mille livres de rente, et l’Abbé Grégoire en touchait mille écus de pension quand il était à l’assemblée constituante. On n’a supprimé cette allocation que lorsqu’il a été désigné pour évêque constitutionnel de Loir-et-Cher[1].

Cette folle Baronne était l’unique héritière de la branche aînée des Charette, qui n’avait pas moins de quarante mille écus de rente en belles terres nobles. Il en résulta que MM. de Charette de Bois-Foucault,

  1. M. de Talleyrand fit écrire, à titre de confrère, à l’Archevêque janséniste d’Utrecht, M. Van Loon, pour se réclamer des services qu’il avait rendus à la bonne cause en faisant opérer à l’organisation de l’église constitutionnelle de France. M. de Talleyrand ne possédait plus alors que sept cent cinquante livres, qui ne pouvaient, disait-on, suffire à son passage d’Amérique ; il ne pouvait plus compter, sur l’obligeance de personne ; on savait qu’il devait exister, à la disposition de l’Archevêque d’Utrecht, des fonds applicables aux ecclésiastiques opposans, et provenant de la succession d’une dame française à laquelle M. de Talleyrand prétendait avoir l’honneur d’appartenir (ce qui n’était pas du tout la vérité). Ce que je vous puis donner pour certain, c’est qu’il en a reçu quinze cents florins à titre de secours en l’année 1795.
    (Note de l’Auteur.)