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Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/100

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SOUVENIRS

n’avaient existé que dans mon imagination troublée. J’avais toujours à la main ma chandelle éteinte, que je voulais absolument rallumer pour aller me coucher, parce que je tombais de fatigue. Enfin je remontai ce malencontreux escalier à pas de loup, et, m’arrêtant à la porte de l’armurie avec précaution je trouvai qu’effectivement les deux figures gothiques n’étaient pas au coin du feu où j’avais cru les apercevoir (je n’eus pas la prudence et la précaution de regarder si elles étaient remontées dans leurs vieux cadres). Je m’aventurai témérairement en me dirigeant à côté de la cheminée mais à peine eus-je fait quelques pas que je vis Messire Foulques au milieu de la salle.

« Il était en garde et me présentait la pointe de son épée. Je voulus me retourner du côté de l’escalier ; mais la porte en était occupée par une figure d’Écuyer qui me jeta rudement un gantelet de fer au visage. Enfin l’impatience me prit ; je me jetai sur une épée que j’arrachai d’un trophée d’armes (il se trouva que c’était précisément celle du Commandeur que j’y avais placée) et je tombai sur mon fantastique adversaire. Il me sembla que je l’avais pourfendu ; mais tout aussitôt je ressentis au-dessous du cœur un coup de pointe qui me brûla comme aurait fait un fer rouge. Mon sang inondait la salle et je m’évanouis.

« Je me réveillai le lendemain dans la petite chambre du concierge. Ne me voyant pas arriver, il s’était muni d’un bénitier avec son goupillon pour venir me chercher. Il m’avait trouvé