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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

dans la plupart de nos anciennes familles il y a toujours pareille imagination sur quelque trésor enfoui. Le dernier prince de Rohan-Rochefort a fait culbuter son château de Neauffle-le-Vieil, afin d’y chercher je ne sais quel produit des économies du grand Dunois, qui n’avait pourtant jamais eu plus de bon ordre ménagier ni d’arrangement que trois noix dans une écuelle percée, comme dit Rabelais. M. du Cayla m’a conté que son oncle de Baschy[1], que nous prenions pour un prudent personnage, avait fait démolir un vénérable et superbe château qui était dans leur famille depuis le treizième siècle, et ceci pour y découvrir les joyaux du

  1. François, Comte de Baschy, de Saint Estève et du Cayla, Chevalier des ordes du Roi, Ambassadeur de France à Lisbonne en 1760. Il était le père de Mmes de Lugeac, d’Avarey, de Monteynard et de Turenne. Comme il est impossible que vous n’entendiez pas crier contre des personnes qui portent le nom de Turenne et qui ne sont pas de la maison de Bouillon, je suis bien aise de vous prévenir que c’est l’ignorance ou la malveillance qui font parler contre cette famille, car on ne saurait douter qu’elle ne soit issue des anciens Vicomtes de Turenne, dont la branche aînée s’est fondue dans la maison de la Tour d’Auvergne, en y portant ladite vicomté souveraine avec le comté de Beaufort en Anjou. On pourrait même observer que cette alliance avec l’héritière de Beaufort-Turenne, en 1444, fut la première et principale pierre de cet édifice de grandeur où la maison de la Tour est arrivée (parvenue ne saurait s’appliquer ici convenablement). Les prétentions injustes sont insupportables, mais les dénégations injustes sont révoltantes. Je ne suis pas suspecte en cette occasion-ci, vraiment, car je ne connais aucunement le Comte de Turenne, et Mme sa femme est une espèce de folle qui m’a toujours déplu souverainement.
    (Note de l’Auteur.)