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SOUVENIRS

stances qui paraissent avoir déterminé sa mort mais c’est très injustement qu’on y a fait intervenir une jeune femme qui, depuis trois mois, était dans ses terres du fond du Quercy. Je vous puis assurer que le nom de Mme de Bonneval ne s’est trouvé mêlé dans tout ceci que par un calcul de malice et de jalousie féminine. Mme la Vicomtesse de Rouault n’est jamais retenue, comme chacun sait, par sa charité chrétienne et son respect pour la vérité quand son amour-propre est en souffrance. Elle a brouillé toutes ses filles avec tous ses gendres, et Mme de Courcy (la plus jeune de ses filles) en est morte de douleur. Voici l’histoire de M. de Caylus ainsi que je la tiens tout directement de sa cousine et son amie, la Duchesse de Gèvres, qui vit encore et qui promet de vivre long-temps[1].

M. de Caylus avait la fureur du prosélytisme, et Mme de Gèvres avait bonne envie de voir le Connétable du Guesclin, ne fût-ce que pour en tirer quelque renseignement sur un trésor qui doit exister dans les ruines du Plessis-Bertrand (c’est un de leurs châteaux, en Bretagne). Je ne sais pourquoi

  1. Françoise-Marie du Guesclin, mariée en 1758 à Louis-Paris-Joachim Potier de Gèvres-Luxembourg, Duc de Gèvres et de Tresmes, Gouverneur de Paris, Grand-Bailly de Valois, etc., morte à Paris en 1817, âgée de 91 ans.

    Aussitôt que Buonaparte, premier consul, eut appris que Mme de Gèvres était la dernière personne de la maison du Guesclin, il la fit inscrire sur le grand-livre pour une pension viagère de 12 mille francs qu’elle n’a jamais fait toucher ; et ceci n’a jamais cessé de lui causer un sentiment de répugnance et d’humiliation.

    (Note de l’Éditeur.)