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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

variée, de l’imagination brillante et de l’originalité d’esprit qui caractérisaient Cagliostro, je vous recommanderai la lecture d’une historiette qui fait partie de ses Mémoires et que j’en ai traduite[1]. À présent, nous allons parler des principales croyances qu’il inculquait à ses disciples, ainsi qu’il m’est apparu dans les papiers saisis à son domicile de la rue Saint-Claude, à Paris, et comme il appert des pièces de son procès au tribunal de l’Inquisition romaine.

Les principales superstitions de la secte Balsamite avaient pour objet la métallurgie, la nécromancie, la cabale et l’onéirocritique, c’est-à-dire les quatre parties les plus vulgaires et les plus décriées de la croyance philosophale, de la science des prestiges et de l’art divinatoire. Les procédés métallurgiques employés par Cagliostro étaient ceux de l’école de Paracelse et de Borri, qui sont assez connus. Son élixir vital, que j’ai fait décomposer par un chimiste appelé Lavoisier, lequel a péri dans la révolution, soit dit en passant, était composé tout simplement d’aromates et d’or potable, ainsi que l’élixir de longévité de Nicolas Flamel et de St-Germain. Sa cabale était appuyée sur le comput hébraïque appelé samaritain. Sa pratique, à l’égard de l’évocation des ombres, était celle des Cophtes, ainsi qu’elle est indiquée par le livre amorrhéen ; enfin sa manière d’expliquer les songes était tout aussi déréglée que celle de Lucaccio Borrodina. Cagliostro n’avait donc fait faire aucun progrès à l’art magique, et même, il n’avait rien ajouté à celui du jongleur, sinon sa dignité de

  1. Voyez à la fin de ce quatrième volume.