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Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/128

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SOUVENIRS

l’histoire de l’ordre et qu’il observe les cérémonies qui se pratiquent pendant les réceptions.

C’était dans les écrits d’un sophiste son prédécesseur, et dans l’ignorance de son siècle, que Jacques de Molay avait puisé les élémens de son étonnant système ; il avait pensé qu’en établissant une société d’hommes asservis aux mêmes passions, dirigés vers le même but et guidés par un intérêt commun, cette société parviendrait à renverser toutes les institutions établies sur l’hérédité naturelle et finirait par s’emparer du pouvoir. Jacques de Molay fut la première victime de son système de corruption ; il fut dénoncé et peut-être calomnié par ceux de ses complices qui pouvaient aspirer au magistère de l’ordre ; mais sa doctrine leur a survécu, et les gouvernemens catholiques ont enfin compris quels étaient l’intention, l’importance et les dangers de ces sortes d’affiliations[1].

  1. Il n’est ignoré de personne, à Paris, qu’un chirurgien-pédicure, appelé le Docteur Fabré-Palaprat, se dit successeur de Jacques de Molay, en qualité de Grand-Maître du Temple, et c’est en cette qualité qu’il a institué deux ou trois évêques, avec un primat de l’église française, appelé M. Châtel.

    Il est reconnu que le dernier Chevalier du Temple était le Commandeur Jean d’Argenteuil, lequel était resté en possession d’un bénéfice de son ordre et vivait encore en 1336, ainsi qu’il appert des pièces du procès des Templiers à la bibliothèque royale. On voit qu’il se trouve une lacune de 500 ans entre le dernier Templier et M. Fabré-Palaprat, qui se prétend le successeur direct de Jacques de Molay et le dépositaire des archives de l’ordre du Temple. Pour établir sa prétention magistrale, M. Palaprat montre à ses adeptes une pièce intitulée par lui charte de transmission, qui rapporte les noms d’une vingtaine de grands maîtres du Temple, à partir de Jacques de Molay