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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Canaples, et dont les armes devaient être formées d’un créquier diffamé, c’est-à-dire écimé pour brisure et en signe de bâtardise ; mais le Chevalier était dans les Antilles, à la tête du régiment de Ponthieu, dont il était colonel, et mon fils revint le plus tôt possible à Paris pour y faire poursuivre ce M. Lejeune en usurpation de nom, de titre et d’armoiries.

Je fis prier Chérin de passer chez moi pour avoir une idée préliminaire de cette famille. — Hélas ! dit-il, ce sont des gens de bonne condition et de très bonne foi. Il paraît que c’est un de leurs grands oncles, un vieux Chevalier de Malte, qui leur avait mis dans la tête qu’ils devaient être sortis originairement de la maison de Créquy parce que leurs armes sont un créquier. Ils en doutaient si peu qu’ils m’ont apporté leurs titres de famille afin d’en dresser leurs preuves, et pour obtenir mon certificat comportant leur droit aux honneurs de la cour ; mais ils ne sauraient être dans le cas de la présentation, parce que leur noblesse ne remonte qu’à l’année 1499 ; il leur manque tout juste cent ans pour être admis dans les carrosses du Roi. Ces innocens provinciaux sont venus se présenter à la gueule du loup, car vous pensez bien que je me laisserais plutôt couper le poignet que de leur signer un certificat et de laisser procéder à leur présentation. S’ils se doutaient de ce que j’ai vu dans leurs papiers… — Mais qu’est-ce à dire, Chérin ? — Madame, je ne vous en dirai pas davantage, étant lié par le devoir de mon office et retenu par la foi du serment ; mais Monsieur le Marquis de Créquy peut être assuré que