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SOUVENIRS

dresser à ma belle-fille que sur mon refus, en cas d’empêchement.

Je fis répondre à Mme de Soucy que j’étais malade, et que je n’avais jamais connu d’autre Comtesse de Créquy que Mme de Créquy-Canaples, laquelle avait été présentée avant son mariage et mariée dans le cabinet du Roi, par la raison qu’elle était née Princesse de Rohan ; je lui fis dire que votre père et ses deux enfans étaient les dernières et les seules personnes de leur maison que mon fils était parti pour Angers, où le régiment de son nom tenait quartier, mais que j’allais lui faire parvenir cette lettre ; enfin j’eus soin d’ajouter que ma belle-fille était trop bien informée pour oser présenter personne à Versailles avant d’en avoir obtenu l’autorisation de son mari.

Il faut vous dire que le mari de cette prétendue Comtesse de Créquy était un gentilhomme angevin dont le nom de famille était Lejeune de la Furjonnière, et que mon fils en avait déjà ouï parler sourdement en arrivant à Angers ; je crois même qu’il avait déjà fait gratter avec un couteau par un de ses gens, les armes de Créquy que ses valets avaient aperçues sur une chaise de poste dans la boutique ou sous la remise d’un carrossier. Je ne me rappelle pas trop bien si c’était dans cette capitale ou dans une autre ville de l’Anjou ; mais toujours est-il que votre père avait ordonné cette belle exécution-là dans cette même province, et qu’il avait fait assister son homme armé du grattoir par un piquet de cavalerie. Mon fils avait d’abord eu dans la pensée que cette usurpation vaniteuse pourrait être provenue du Chevalier de Créquy, fils naturel du Comte de