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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

dé la danse. Écoutez donc le grand Vestris, et tenez-vous droit.


« Voyons, Monsieur le Prince, là bien ; salüez d’abord… salüez… Sa Majesté l’Impératrice d’Allémagne… Ah ! plus bas ! Monsieur, plus bas (ceci très vite) ! Vous restérez trois quarts dé séconde avant dé vous réléver… Là bien.

« En vous rélévant, Mousieur, vous dévez tourner légèrement et modestement la tête vers la main droite de S. M. Impériale et Apostolique. Baisez cette main qui porte le sceptre (sans oser toutéfois porter vos régards jusqu’au visage auguste dé cette souvérraine).

« Vous ne donnérez, Monsieur, aucune sorte d’expression à votré physïonomie en saluant une si grande princesse ; l’air dé respect et même dé crainte est dé rigûr et n’ôte rien dans une moment si terrible à la grâce corporelle.

« Vous vous réprésentérez, s’il est bésoin, tant dé couronnes éblouissantes, dé titres superbes, dé suprêmetés, d’altitudes, dé siècles passés, dé combats à mort et autres grandûrs, qué vous en déviendrez naturellément saisi. Voilà toute.

« À présent, Mousieur le Prince, salüez Madame la Landgrave dé Hesse-Darmstadt… Ah ! c’est trop bas ! trop bas dé quatre pouces. Vous salüez là comme une Reine… Dé la nuance ! Mousicer, dé la nuance ! Et récommencez… Là, bien, bravissimamenté ! — Mais cé n’est rien qu’uné Landgrave à salüer, en sortant dé la cour impériale dé Laxembourg !

« Régardez donc la vénérable damé d’honnûr, et dites-lui de l’air et du sourire : « Sans l’étiquette, jé vous rendrais ici même toutes les grâces qué jé dois à vos bontés, Madame la Comtesse, à vos vertus, votre grand âge et le rang que vous ténez à la cour. »