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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Il ne m’appartient pas d’émettre un avis, et je ne suis pas dans l’obligation de me prononcer sur la loyauté de sa conduite à l’égard du Saint-Siége ; mais ce que j’en puis dire ainsi que tout le monde, c’est que, pendant son séjour à Vienne et ses conférences avec l’Empereur Joseph, le Saint-Père eut l’occasion de vérifier que certains priviléges abusifs, invoqués par la cour de Vienne, étaient véritablement stipulés dans plusieurs bulles émanées de sa chancellerie pontificale, lesquelles bulles n’avaient jamais été ni signées ni scellées par ordre de Sa Sainteté, sinon par supercherie, par surprise ou par la trahison de quelque protodataire.

Le Cardinal secrétaire, en qui N. S. P. le Pape avait toujours eu la plus grande confiance, avait été nommé Vicaire du Saint-Siége pour tout le temps du voyage et du séjour de S. S. dans les États autrichiens ; je ne sais si la conscience du Cardinal ne lui faisait aucun autre reproche, et je ne sais pas non plus si, depuis le départ du Pape, il administrait l’État de l’Église avec la même sécurité ; mais toujours est-il qu’il eut connaissance d’un ordre que le gouverneur du château Saint-Ange avait reçu directement du Saint Père à l’effet de faire disposer le grand appartement de cette prison, lequel ne s’ouvrait jamais que pour incarcérer un Cardinal ou un Prince romain. Le retour du Pape était annoncé pour la fin du mois, et le Cardinal Girao s’empressa d’inviter et de réunir chez lui les principaux membres du sacré-collége, le corps diplomatique et les primats de la haute noblesse de Rome, pour leur donner un souper ma-