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SOUVENIRS

un de mes calculs de prévoyance et de soulagement pour lui[1].

— Je vous rends mille grâces, me disait-il ensuite, pour ce bon vieux coq dont notre pot-au-feu s’est très bien trouvé ; il n’est rien qui fasse de meilleur bouillon qu’un vieux coq.

— Un vieux quoi, dites-vous ?

— Mais un vieux coq, une vieille poule, une vieille volaille comme celles que vous avez la bonté de faire donner à Mlle Levasseur.

Je parlais d’autre chose afin de ne pas tracasser contre cette vilaine Thérèse, qui vendait nos belles poulardes pour en acheter des charcuteries et des poissons fumés dont elle était singulièrement friande. Elle a fini par se remarier avec un valet de M. Girardin. Voyez comme l’auteur de la Nouvelle Héloïse avait bien appliqué sa principale affection ! Venons présentement à M. le Nonce apostolique.

Je vous ai déjà dit que cet enfant de M. Giraud, que j’avais tenu sur les fonts de baptême en passant à Lyon, était devenu successivement l’Abbé, le Prélat et le Cardinal Girao, nella parola romana. Après avoir achevé ses quatre ans de nonciature à Paris, il fut pourvu de l’archevêché de Ravenne, et puis il fut créé Cardinal, ainsi qu’il est usité depuis 400 ans pour tous les Prélats qui ont exercé l’emploi de Nonce Apostolique auprès des Rois de France et d’Espagne. Enfin le Cardinal Girao a été secrétaire d’État, et chargé des principales affaires de l’Église pendant la première partie du pontificat de Pie VI.

  1. Voyez la 2e lettre de Rousseau à Mme de Créquy à la fin de cet ouvrage.