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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

ment par lequel il instituait pour ses héritiers le Pape Pie VI et le chapitre de l’église de Saint-Pierre, et l’on apprit aussi que le Duc de Braschi, neveu du Pape, avait requis l’apposition des scellés sur tous les papiers du Cardinal-Vicaire, immédiatement après sa mort. Les Comtes Girao se trouvèrent privés de la succession de leur oncle, mais le Saint-Père y suppléa par une pension viagère, et du reste ils avaient eu chacun soixante-dix mille livres de rente à la mort de mon compère Giraud, qui était leur aïeul. Ainsi ne les plaignez pas sans les blâmer pour avoir mangé toute leur fortune en extravagances, et par exemple en entreprises de défrichemens et de dessèchement. Voyez la belle imaginative, au lieu de se tenir tranquilles avec leurs quarante-six mille écus de rente ! Mais ils avaient dans le sang l’amour du bénéfice et du hazardeux, et c’est presque toujours ainsi que toutes ces familles enrichies par le négoce et sorties du commerce finissent par retomber dans leur pauvreté originelle.

Vous saurez présentement que l’hôpital du Saint-Esprit n’était séparé du palais Girao que par une cour et par un terrain de servitude où se trouvait un refroidissorio pour les morts de l’hôpital. On y avait déposé le corps d’un transtévérin, lequel cadavre avait disparu pendant la nuit où mourut le Cardinal-Vicaire. La famille de cet homme était arrivée le lendemain matin pour procéder à son ensevelissement, et puis à ses funérailles dans l’église de leur paroisse au-delà du Tibre ; mais, comme les administrateurs de l’hospice n’avaient pu leur délivrer le